Du lyrique mais pas que
Souvent considéré à part, l’opéra n’est pas un art ni un lieu très fréquenté par les jeunes. Et pourtant ….
Grâce aux partenariats engagés cette année dans le cadre du projet Voix tracées du réseau d’action culturelle des Pays de La Loire art’ur avec Angers Nantes Opéra (ANO), le 4 janvier 2022, plusieurs classes du Lycée Pétré ont assisté en matinée au récital « Juste une voix » avec Marc Scoffoni et Mélanie Bréguant à l’accordéon.
A travers l’interprétation très singulière de célèbres airs d’opéra et le lien intemporel avec les chansons actuelles, les apprenants ont pu se rendre compte que l’opéra est accessible à tous.
Si les jeunes sont coutumiers du son et de la musique, ils le sont moins des lieux de diffusion, alors aller à l’opéra …
C’est début janvier que les terminales Conduite, Gestion d’Exploitation Agricole, Aménagement Paysager et Conduite Horticole en ont fait l’expérience et ont pu y découvrir un spectacle interprété par le chœur d’Angers Nantes Opéra. Eblouis par l’architecture du théâtre Graslin et enchantés par le concert participatif « Des forêts et des hommes », les lycéens ce soir là, ont donné de la voix en reprenant avec ardeur les refrains de certains morceaux .
Une parenthèse dans la « forêt » dont les terminales sont sortis enthousiastes et bien motivés à poursuivre l’aventure.
Cette promenade dans les bois d’ANO nous a conduit naturellement à nous intéresser aux animaux et à la manière dont les a fait vivre il y a plus de 300 ans, Monsieur Jean de la Fontaine.
Fabulons !
Les fables de la Fontaine ont fait le tourment de bien des écoliers qui devaient les apprendre par cœur, sans parfois même en comprendre le sens. Aussi le vocabulaire et l’autodérision utilisés dans les fables ne devaient pas être un frein à l’exercice de réécriture que les terminales auraient à réaliser pour leur projet artistique.
Quelques mois durant, nous avons exploré la structure poétique, avec ses rythmes et ses musicalités. Nous nous sommes aussi intéressés aux confrontations dialoguées des personnages, et à déceler l’ironie et la fantaisie au travers des textes.
Pour compléter l’approche littéraire, nous avons décortiqué la critique impitoyable de l’humain que Jean de la Fontaine a mis en avant au détour du monde animal et végétal. Des auteurs plus contemporains, tels que Jean Anouilh ou Pierre Perret ont permis aux apprenants de s’approprier de manière plus modernes une œuvre classique pour en faire leur propre adaptation.
Choisissant parmi les 400 fables celle qui leur convenait le mieux et à partir de 3 consignes : Un lieu et des personnages contemporains une morale réactualisée, les 35 élèves se sont mis à les réécrire, version 2022.
Jean de la Fontaine
Version revisitée : Le reflet de la modestie (2022) Deux amis marchaient sur le parking des Flâneries L'un chargé de paquets de pâtes, L'autre pognant des bijoux fraichement achetés Ce dernier, glorieux d'une charge si belle n'eut pour beaucoup en être soulagé Il marchait d'un pas léger, Et faisait briller les bijoux dans le sole Lorsque se présentèrent des voleurs réclamant la bijouterie ! Ils se jetèrent sur l'homme, le saisirent au cou et prirent la marchandise L'homme s'arrêta, se défendit, cria mais n'y put rien Est-ce donc ça la jalousie du monde ? Il n'est pas toujours bon de montrer ses apparats -"Si tu étais modeste, rien de tout cela ne te serait arrivé", lui dit son ami. Enki LORIEU TERM CGEA
Fable 4: Les deux mulets (1668) Version originale
Deux mulets cheminaient l’un d’avoine chargé
L’autre Ponant l’argent de la gabelle
Celui-ci glorieux d’une charge ci belle
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé
Il marchait d’un pas relevé
Et frisait sonner sa sonnette
Quand l’ennemi se présentant
Comme il en voulait l’argent
Sur le mulet du fisc une troupe se jette
Le saisit au hein, et l’arrête
Le mulet se défendant
Se sent percer de coups : il gémit, il soupire. «
– « Est-ce donc la, dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
Ce mulet qui me suis le danger se retire
Et moi j’y tombe, et je péris.
-Ami, lui dit son camarade,
il n’est n’est pas toujours bon d’avoir un haut emploi:
Si tu n’avais servi qu’un meunier, comme moi, tu ne serais pas si malade »
Jean De La Fontaine
« Le Lion et le rat » est une des fables que les lycéens ont beaucoup apprécié en voici deux versions revisitées chacune, à leur manière :
On s’affole pour l’école
Dans leur golf GTI, un père et son fils
Partis de bon matin à l’école.
Tombés dans les bouchons, le fils s’affole.
Le père expliqua de ne pas s’énerver contre les créoles
Même si l’embouteillage est provoqué par leur fête
Ce n’est pas une raison pour faire la tête.
Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage
Titouan GIBOULEAU TERM CGEA
Le Mike et la Jessica
Un soir dans un bar des beaux quartiers,
Jessica était alcoolisée.
Déstabilisée, elle tomba sur Mike.
Celui-ci bienveillant rattrapa la belle, ivre
Et la releva.
Plus tard, Mike n’ayant plus un sou,
se trouva dépourvu de breuvage.
La belle se proposa alors de le sauver
Ni une, ni deux, le verre fut payé.
Qui aurait cru que trébucher pourrait
créer une belle amitié ?
Adam BULLOT TERM APCH
La fabuleuse rencontre artistique
Pour mettre en vie ce fourmillant travail de réappropriation, il fallait à la fois une sensibilité artistique fantaisiste et un amour des mots et de la langue. C’est Angeline Brochoire de la Cie La folie de l’ange, résidant tout près du lycée, qui durant trois journées a œuvré à la mise en scène, la mise en corps et en voix de ces fables contemporaines.
Ateliers d’expression en dynamique de groupe, d’articulation en jeux scéniques, les élèves se sont laissés séduire par le talent et l’énergie impressionnante de la comédienne.
Angeline Brochoire est une artiste orientale et occidentale qui se joue du burlesque comme de l’absurde et qui à travers le théâtre et la danse invente un univers fantasque fait de couleurs, de paillettes et de poésie.
Les élèves ont eu également le plaisir de la découvrir sur scène un soir de cette semaine artistique dans son spectacle La Fabuleuse. 16 fables, 25 personnages interprétés par Angeline Brochoire accompagnée de Michel Pradel au piano, un spectacle qui mêle magie, clownerie et textes classiques.
Accompagnés de l’ensemble des classes du lycée et des personnels, les élèves investis dans le projet ont été totalement enchantés par l’originalité et la manière ludique dont la comédienne rendait actuelles et « loufoques » les fables de La Fontaine .
Plus motivés que jamais c’est dès le lendemain que les 35 jeunes se sont essayés à inventer des tableaux correspondants au message de leurs fables. Ainsi une forêt mais aussi une gare, un bar, une salle de sport, une route … sont devenus les lieux virtuels de ces comédiens amateurs.
Le voyage vers l’imaginaire avait débuté, les embarquant dans un temps hors la classe où le collectif devient puissant et le regard de l’autre, force de propositions.
Des répétitions au grand soir
Deux jours à s’emparer de son texte et de son jeu d’acteur. A découvrir l’espace scénique et faire porter sa voix sur les gradins encore vides. Deux journées pour trouver une manière originale de se présenter individuellement au public et s’entraîner aux changements de décors …
C’est au soir du 4ème jour que la troupe de lycéens, accompagnés au piano par Michel Pradel, a proposé une version très énergique et humoristique de leurs fables, invitant le spectateur à s’y plonger sans modération. C’est ainsi que l’ensemble des apprenants du lycée Pétré et les personnels ont découvert des élèves déclamant, chantant, dansant sur scène comme si c’était facile !
Répétition chanson de fin Final du spectacle répétition générale H-2
Dans le sillon des Fables, un spectacle d’une demi-heure que les terminales ont présenté publiquement, le 10 mars 2022.
Cette création a permis des échanges solidaires entre les deux classes et la rencontre de deux univers professionnels. Voici ce qu’ils en disent :
« Angéline est une personne très gentille pour avoir échangé des paroles avec elle, Angéline possède la joie de vivre et elle aime la transmettre, elle rigole beaucoup ce qui contribue à sa joie de vivre, mais elle est également travailleuse. Angéline est située sur Bounezeau (Vendée), c’était important pour le lycée Legta Luçon Pétré que l’intervention soit avec une personnalité du théâtre local.
Angéline a pris quatre jours de son temps pour nous accompagner et pour nous apporter diverses connaissances sur le monde du théâtre afin de réaliser notre projet d’éducation socioculturelle. A la fin de ces quatre jours, nous gardons un merveilleux souvenir d’Angéline, nous avons passé une super semaine à ses côtés ». Hugo Kerisit &Titouan Gibouleau
« Le projet artistique commence dès le début d’année scolaire avec l’apprentissage du théâtre ( vocabulaire, pratique orale). La semaine artistique elle, commence avec la création de liens avec l’artiste. En échangeant des idées elle nous propose de faire des tableaux pour débuter la création du spectacle vivant. Avec l’envie de réussir, les élèves et l’artiste enchaînent les entraînements avec un pianiste. Arrivés à la fin de la semaine, le moment arrive pour les élèves de passer devant tout le lycée. Une représentation complète qui fut réussie pour les professeurs, l’artiste et les élèves ». Pierre AUGEREAU
Ce projet, mené en lien avec le réseau art’ur, a reçu l’appui de Nantes Angers Opéra dans le cadre du projet Voix Tracées.
– Soutiens financiers et partenaires
-Région Pays de la Loire
– Lycée Luçon Pétré
– Alesa Luçon Pétré
– Cie La Folie de l’Ange
– + d’infos : isabelle.batifoulier@educagri.fr et celine.pelletier@educagri.fr
Enseignantes -animatrice ESC
Lycée de Luçon Pétré
« En savoir + »: compagnie la folie de lange